Le rôle du chercheur en agronomie évolue constamment pour répondre aux défis agricoles de demain. En 2024, ces spécialistes devront posséder des compétences pointues, alliant expertise scientifique et capacité à collaborer sur le terrain. Cet article explore les formations requises, les opportunités d'emploi et les innovations récentes dans ce domaine de l'agriculture en pleine mutation.
Formation et compétences requises pour un chercheur en agronomie
Devenir chercheur en agronomie exige de solides compétences scientifiques et techniques ainsi qu'un niveau d'études élevé. Cette profession nécessite une grande rigueur, de la curiosité et un esprit d'analyse pour mener à bien des missions de recherche fondamentale ou appliquée.
Un niveau de formation exigeant
Pour intégrer ce domaine, une formation initiale poussée est indispensable. L'accès aux postes de chercheurs en agronomie requiert généralement un doctorat (bac+8) en sciences et technologies, avec des mentions comme biologie, santé, agronomie, écologie ou encore physiologie. Certains emplois temporaires peuvent être accessibles dès le niveau ingénieur (bac+5), comme à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) ou au Centre international d'études supérieures en sciences agronomiques.
Les grandes écoles d'ingénieurs spécialisées comme AgroParisTech, Montpellier SupAgro ou l'École nationale supérieure agronomique de Toulouse permettent de se former aux métiers de la recherche agronomique, souvent via l'apprentissage en alternance. La spécialisation en agronomie s'effectue généralement en 3ème année du cycle ingénieur.
Des compétences scientifiques et humaines
Maîtrise des outils statistiques
Au-delà des connaissances théoriques, le chercheur en agronomie doit savoir manipuler avec aisance les outils statistiques pour analyser et interpréter les données issues de ses travaux expérimentaux. La maîtrise de logiciels spécialisés comme SAS ou R est un atout pour traiter de grands jeux de données.
Esprit d'équipe et de collaboration
La recherche agronomique est un domaine très interdisciplinaire qui fait appel à de nombreuses compétences complémentaires. Rarement seul sur un projet, le chercheur doit avoir un bon esprit d'équipe pour collaborer efficacement avec ses collègues issus d'autres spécialités (génétique, écologie, sciences du sol, etc.). La capacité à communiquer ses résultats, à l'écrit comme à l'oral, est également essentielle.
« Un chercheur en agronomie, c'est avant tout un scientifique passionné et rigoureux. Mais c'est aussi quelqu'un qui aime le travail d'équipe et le partage des connaissances. »
Témoignage d'Hélène D., chercheuse à l'INRA
Enfin, compte-tenu des enjeux de durabilité et de sécurité alimentaire, les chercheurs en agronomie doivent faire preuve d'adaptabilité pour innover et imaginer les systèmes agricoles de demain, plus résilients et respectueux de l'environnement. Créativité et sens de l'innovation sont donc des qualités particulièrement appréciées dans ce secteur d'avenir.
Opportunités d'emploi et secteurs d'activité
Les chercheurs en agronomie ont de nombreuses opportunités professionnelles dans différents secteurs d'activité, que ce soit dans la recherche publique ou privée, le conseil, la gestion ou encore l'industrie agroalimentaire. Découvrons plus en détail les principaux débouchés qui s'offrent à eux en 2024.
L'INRA et le CNRS, des employeurs de premier plan
L'Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) et le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) sont deux organismes publics qui emploient une part importante des chercheurs en agronomie en France. Ces instituts offrent des postes de recherche fondamentale ou appliquée, permettant aux agronomes de travailler sur des sujets variés allant de la génétique végétale à l'agroécologie, en passant par les sciences du sol ou la protection des cultures.
Selon les chiffres de l'INRA, l'institut emploie plus de 1 800 chercheurs titulaires, auxquels s'ajoutent environ 1 000 doctorants et post-doctorants. Le CNRS compte quant à lui près de 500 chercheurs en sciences agronomiques répartis dans différents laboratoires sur tout le territoire.
Le secteur privé, un employeur dynamique
Les entreprises privées, notamment les grands groupes de l'agroalimentaire et de l'agrochimie, recrutent également de nombreux chercheurs en agronomie. Ces derniers peuvent y occuper des postes en recherche et développement, mais aussi en management de projets ou en marketing technique. Parmi les employeurs les plus actifs, on peut citer :
Limagrain, première entreprise semencière européenne
Roquette, leader mondial des ingrédients d'origine végétale
Tereos, géant sucrier et amidonnier
Avril, acteur majeur des huiles et protéines végétales
D'après une étude de 2021 de l'APECITA (Association Pour l'Emploi des Cadres, Ingénieurs et Techniciens de l'Agriculture et de l'agroalimentaire), le secteur privé représente désormais le premier débouché pour les jeunes diplômés en agronomie, avec 61% des embauches en 2020 contre 56% en 2019.
Le conseil et la gestion, des voies prisées
Environ 30% des agronomes travaillent dans le conseil technique, que ce soit au sein de chambres d'agriculture, de coopératives ou de bureaux d'études. Ils accompagnent ainsi les agriculteurs dans la conduite de leurs cultures, en proposant des solutions adaptées en termes d'itinéraires techniques, de choix variétal ou de protection phytosanitaire. La gestion d'exploitations agricoles ou d'entreprises agroalimentaires attire quant à elle 25% des agronomes.
Secteur d'activité
Part des agronomes
Conseil et recherche
30%
Gestion et commerce
25%
Machines agricoles
15%
Organisations professionnelles agricoles
13%
Expérimentation
12%
Production et logistique
10%
D'autres secteurs prometteurs
Les industries d'amont comme les fabricants de machines agricoles (15% des effectifs) ou les entreprises d'approvisionnement (13%) embauchent aussi régulièrement des agronomes, tout comme les organismes en charge de l'expérimentation ou de la production de semences (12%). Enfin, la logistique, le négoce et la distribution agricoles sont des secteurs plus confidentiels mais qui tendent à se développer, représentant environ 10% des emplois.
Innovations récentes et application sur le terrain
Les chercheurs en agronomie jouent un rôle clé dans le développement de nouvelles techniques agricoles pour optimiser les rendements et réduire l'impact environnemental. Parmi les innovations récentes, le semis de couverts végétaux par drone est une solution prometteuse pour lutter contre les adventices et améliorer la structure du sol. Des essais sur le terrain ont été menés pour évaluer l'efficacité et la faisabilité de cette technique novatrice.
Un essai prometteur de semis par drone aux Pays-Bas
En septembre 2023, Jos Tielen, chercheur à l'université de Wageningen aux Pays-Bas, a réalisé un essai de semis de couverts végétaux par drone sur les parcelles de Pieter van Leeuwen, un agriculteur pratiquant le semis direct. L'objectif était de semer le couvert quelques semaines avant la récolte du maïs pour limiter le développement des ray-grass, tout en s'affranchissant des contraintes du semis classique après récolte.
Le mélange semé, composé de chou frisé et de radis fourrager, a été épandu par un drone équipé d'une trémie suivant un parcours prédéfini. Les résultats se sont avérés encourageants, avec une germination satisfaisante du couvert malgré quelques irrégularités. Jos Tielen souligne cependant la nécessité d'avoir un matériel de semis spécifiquement adapté aux drones pour améliorer l'homogénéité.
Des ajustements nécessaires selon le type de culture
Le chercheur a noté des différences de vigueur du couvert selon les parcelles :
Dans le maïs ensilage à forte densité foliaire, les plantules étaient chétives et pâles par manque de lumière
Dans le maïs grain mature laissant mieux passer la lumière, les couverts étaient plus développés
Pour pallier ce problème, l'agriculteur envisage de décaler la date de semis dans le maïs ensilage. Jos Tielen prévoit quant à lui de tester le semis par drone avec d'autres espèces de couverts lors de la prochaine campagne.
Vers un déploiement de la technique en France ?
Si les résultats de ces premiers essais se confirment, le semis de couverts par drone pourrait à terme se développer en France. Cette technique offrirait de nouvelles perspectives aux agriculteurs pour gérer l'interculture, en particulier dans les systèmes en semis direct où l'implantation de couverts est souvent problématique.
Néanmoins, des adaptations seront nécessaires pour tenir compte des spécificités pédo-climatiques des différentes régions françaises et ajuster les mélanges semés. Les chercheurs en agronomie auront un rôle central à jouer pour accompagner le transfert de cette innovation vers les agriculteurs, en partenariat étroit avec les instituts techniques et les chambres d'agriculture.
L'essentiel à retenir sur le rôle du chercheur en agronomie en 2024
Face aux enjeux climatiques et alimentaires, le chercheur en agronomie jouera un rôle clé dans les années à venir. Son expertise, couplée aux nouvelles technologies comme les drones, permettra d'optimiser les pratiques agricoles. La formation pluridisciplinaire et la collaboration entre recherche publique et privée seront essentielles pour relever ces défis. L'agronome de demain devra allier excellence scientifique et pragmatisme pour contribuer à une agriculture durable et performante.
Les stages dans une ferme biologique représentent une opportunité pour améliorer sa compétence et se conformer aux approches innovatrices actuelles.
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